PORC : Commentaires économiques européens

Publié le par ANNE MARIE G

Le calme avant la tempête ?
Le prix du porc est plutôt stable dans le nord-ouest de l'Europe et en France, en légère baisse en Espagne où le recul saisonnier a fortement ralenti, ce qui est rare pour la période. Les prix payés aux éleveurs (estimations IFIP) sont compris entre 1,25 et 1,30 €/kg, à l’exception de l’Allemagne, quelques centimes au-dessus. Ils dépassent légèrement ceux de l’an passé
Les abattages sont soutenus : hausses annuelles de 6% du cumul 2010 en Allemagne, de 3% au Danemark. Ils restent stables en France et baissent de 1% aux Pays-Bas (exportation de porcelets et de porcs charcutiers vers l’Allemagne).
La demande est à la hauteur. Les abattoirs écoulent les animaux présentés et le marché des pièces principales se maintient. Les plus grasses sont bien valorisées à l’exportation, répondant à la demande saisonnière des pays de l’Est. C’est aussi le moment où l’on produit les pièces fumées en Allemagne.
Stimulation des échanges mondiaux
Aux États-Unis, la hausse du coût des matières premières pénalise la rentabilité de la production porcine. Celle-ci va reculer d’ici la fin de l’année, mouvement qui devrait se poursuivre au premier semestre 2011 (réduction actuelle du nombre de truies saillies).
La compétitivité des exportations européennes est affectée par l’affaiblissement du dollar. Cependant, le rétablissement, après la crise économique, de la demande en Asie et en Russie est plus rapide qu’attendu, ce qui stimule les échanges mondiaux.
Fin d'année difficile
L’effet des vacances scolaires devrait se faire sentir maintenant sur la consommation en Allemagne, entraînant un recul des prix des pièces et du porc, qui devrait se répercuter au reste de l’Europe.
La fin 2010 devrait connaître une hausse de la production porcine de l’UE (+ 1% en un an au dernier trimestre) et un moindre dynamisme saisonnier de la consommation. L’exportation ne pourra toutefois complètement absorber l’excédent, en raison des conditions d’échange moins favorables (force de l’euro) et parce qu’à destination de la Russie (principal client de l’UE à 27) les quotas autorisés seront bientôt atteints.
Malgré le plateau actuel, les prix devraient donc reprendre leur baisse saisonnière ; les experts européens s’accordent pour dire que les cours de la fin 2010 devraient être proches de ceux de l’an dernier. Les perspectives sont plus floues pour le 1er semestre 2011 où une hausse de 1,5% de la production porcine est attendue dans l’UE, pour un prix compris entre les valeurs de 2009 et celles de 2010. Le tout dans un contexte difficile, lié au renchérissement important des matières premières, de l’aliment et du coût de production du porc, après déjà 3 années de crises consécutives…
Notre analyse complète dans Baromètre Porc, la revue économique de l'IFIP.
Le 20 Octobre 2010

Réfléchissons à haute voix
Le prix du porc en carcasse a suivi son itinéraire à la baisse sans frein. Il semble de toutes manières évident que nous avons "touché le fond" et que nous ne descendrons pas en-dessous du prix actuel. Ce n'est pas une consolation mais c'est mieux que rien.
La lourdeur du marché européen est évidente. Revaloriser la viande semble être un travail de titans et cela ne peut être prévisible à moyen terme. Il y a différentes lectures du signal allemand de la dernière séance et c'est problématique de baser sur lui pour avoir un pilier de fermeté.
Les augmentations récentes du prix de l'aliment constituent un élément hautement perturbateur concernant la viabilité économique des élevages porcins. Ce n'est absolument pas un sujet sans importance! La conviction historique qu'une pénurie dans les élevages se traduit des mois plus tard par des augmentations importantes du cours du porc n'est plus du tout une certitude. Dans les quatre dernières années, il n'en a pas été ainsi et les gens s'en souviennent.
Il est intéressant pour nous d'appeler à la réflexion toutes les personnes impliquées dans la filière porcine européenne en mettant l'accent sur tous les hommes politiques qui ont entre leurs mains des décisions sur l'avenir économique de l'ensemble des opérateurs porcins.
Des régions européennes ayant une production porcine significative ont établi des mécanismes d'aides à la cessation d'activité des élevages porcins avec la seule intention d'aider à un abandon digne à des familles d'éleveurs depuis deux ou trois générations. De tels faits doivent déclencher toutes les alarmes puisqu'ils représentent en eux-même l'acceptation de la déroute.
L'application imminente de la loi sur le Bien-être animal est indiscutable. Nous nous demandons si l'Europe peut se permettre cela (renchérissement des coûts de production à un moment clé de la crise mondiale) et, surtout, si on contrôlera à l'avenir que les viandes importées (USA, Chili, Brésil...) ont respecté ces protocoles.
La filière porcine européenne a été jusqu'à ce jour un secteur puissant (gros employeur), préparé, extrêmement dynamique et très adaptable. Alors, nous devrions nous interroger si cela donne des boutons aux autres secteurs ou se demander ce qui se passe dans les coulisses de Bruxelles.. il ne fait aucun doute que la filière porcine ne jouit pas de la faveur politique des autorités et tout le monde craint que le prix à payer sera trop élevé.
Je crois que quelqu'un devait soulever ces points.
Si on fait seulement ce que l'on a toujours fait, on n'arrivera jamais plus loin que là où nous sommes déjà arrivés.
source :Pôle Économie IFIP  2 Novembre 2010

Publié dans FILIERE PORCINE

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